Parlez-vous agriculture?

by Camille De Stoop


… et avec qui parlez-vous agriculture ? Est-ce qu’on vous écoute ? Parce que l’agriculture, certains ne trouvent pas cela vraiment drôle (d’autres oseront ‘pas vraiment sexy’). Et selon que l’on est paysan, vulgarisateur, chercheur, … on ne recherche pas la même chose dans un reportage sur l’agriculture. Si, comme pour Pius, un journaliste radio en Ouganda, l’agriculture vous passionne, cela ne devrait pas être trop difficile. Vous saurez montrer que l’agriculture paysanne n’est pas juste un moyen de subsistance mais qu’elle est d’abord et avant tout un mode de production qui génère des revenus grâce à l’habilité et au savoir-faire du producteur. Vous ferez le lien entre agriculture et d’autres secteurs, l’économie par exemple, ou le changements climatiques. Cela vous permettra d’élargir le cercle des personnes qui s’intéresseront à vos reportages, et à faire sortir l’agriculture du domaine agricole dans lequel les médias ont tendances à la cantonner, de manière à l’intégrer à d’autres secteurs, tel que économie, finances, culture, …

Au Kenya, pour parler agriculture aux jeunes, on parle en ‘sheng’. C’est une langue qui métisse l’anglais et le swahili, parlée par les jeunes kenyans ‘cool’. Ils sont des centaines de milliers à écouter, en sheng, Sujaaz, un programme de radio de DJ Boy pour ‘construire la jeunesse kenyane’, et à lire la bande dessinée mensuelle qui lui est associée (plus de 600,000 copies distribuées tous les mois, entre autre via le réseau des kiosques de Safaricom, le géant kenyan des téléphones portables). Chaque numéro de Sujaaz propose un ou deux articles sur un sujet relatif à l’agriculture. Le programme radiophonique reprend les idées présentées dans la bande dessinée. Les jeunes lecteurs répondent, envoient leurs commentaires, proposent des idées par SMS, e-mail ou sur Facebook. L’équipe de rédaction de Sujaaz s’en sert ensuite dans la préparation des numéros suivants de Sujaaz.

Un coup de cœur tout particulier pour Gladson, journaliste au Malawi. Il a commencé par constaté, ou plutôt rappelé, que la plupart du temps les petits paysans sont les bénéficiaires qui reçoivent des services produits par d’autres, tels les résultats de recherche par exemple. Pour son programme de radio, il change les rôles : il fait des petits paysans des chercheurs qui présentent les résultats de ce qu’ils font sur leurs champs, lorsqu’ils essaient une nouvelle pratique ou constatent des changements. Le programme de radio a eu pour effet que le ministère de l’Agriculture du Malawi a du renforcer la formation des vulgarisateurs agricoles, de manière à ce qu’ils puissent bien répondre aux questions que les paysans (qui ont écouté le programme) viennent leur posé après l’émission.

Sachez aussi – c’est un dernier conseil de Peter Casier, notre expert ès médias sociaux – que si vous faites un reportage vidéo, il faut que ce que vous produisez soit d’excellente qualité afin d’être sur de capter l’attention de votre public. Donc, dans un blog, il peut être plus prudent d’utiliser une bonne photographie plutôt qu’une vidéo.