Nous étions une petite dizaine de participants, tous au moins bilingues, sinon tri- ou quadrilingues, pour oser affronter la session intitulée ‘traducture’. Pour les mordus des langues que nous étions, ce nom barbare recouvre un concept très intéressant, à savoir la traduction non seulement d’une langue à l’autre, mais également d’une culture à l’autre et d’un état de pouvoir et un autre.
Rares sont les documents traduits en langues africaines. Les savoirs et instructions venant de l’extérieur sont imposés dans une langue internationale qui demeure obscure pour de nombreux paysans africains. Les exemples des torts ainsi causés ont fusés. Qu’il s’agisse de manuel d’utilisation d’engrais ou de machine, de problème de santé à traiter, de convention à signer…, chaque fois que la communication se fait dans une langue européenne que le paysan africain ne comprend pas, l’information passe mal, risque d’être mal interprétée. C’est ainsi qu’on en arrive à faire faire ou à faire dire au paysan des choses qu’il n’avait nullement l’intention de dire ou dans lesquelles il ne se serait pas engagé s’il en avait compris l’entière signification dans sa langue à lui (ou à elle, bien entendu).
On touche ainsi un problème transversal auquel nous avons tous à faire face chaque fois que nous nous désirons communiquer avec des hommes ou des femmes nourris à une autre culture – autrement dit, chaque fois que nous cherchons à faire se rejoindre savoir scientifique et savoir-faire local afin d'améliorer les conditions de vie en milieu rural africain. A cet égard, il aurait fallu que la session Traducture soit une session plénière à laquelle tous les délégués soient invités à participer, plutôt qu’une réunion de groupe de travail.
* Note pour ceux que cette problématique intéresse. Traducture est un mot anglais, non trouvé en français. La problématique a cependant été abordée, notamment par Edith Sizoo dans son texte ‘Ce que les mots ne disent pas’
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